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vendredi 19 juillet 2013

De la glorieuse incertitude du sport au risque financier

De la glorieuse incertitude du sport au risque financier
                            
Il y a peu encore, les spectateurs (et téléspectateurs) pouvaient vibrer grâce à la glorieuse incertitude du sport. L’intensité compétitive qui régnait au sein d’une discipline sportive ou d’une ligue, cadrée par des règles et une éthique sportives, contribuait à optimiser le caractère spectaculaire des compétitions en favorisant l’incertitude du résultat, les rebondissements et l’existence d’enjeux. Cette incertitude du résultat participait de l’attractivité du sport et permettait aux clubs de remplir les stades, de drainer d'importants financements auprès des sponsors et des chaînes de télévision.
Le partage égalitaire des revenus tirés de la TV a longtemps limité, les écarts entre les clubs sportifs au sein notamment de la ligue 1 de football. Mais, depuis une décennie, les critères de répartition sont devenus moins égalitaires en indexant une part croissante des revenus TV redistribués sur les performances sportives et la notoriété télévisuelle de chaque club.

Cela avantage financièrement les grands clubs et, via le recrutement à grands frais des meilleurs joueurs, déséquilibre les ligues. La participation des grands clubs à la Ligue européenne des champions creuse davantage encore les écarts de revenus avec les clubs qui n'y participent pas. Il s'ensuit une course aux « grosses cylindrées » et à une concentration des revenus sur quelques clubs dans chaque ligue nationale en Europe, laquelle prédétermine une concentration croissante des victoires sportives sur ces clubs.  (Wladimir Andreff*)

Cette course à la pole-position se traduit par l'inflation des salaires et des primes de transfert qui déséquilibre ainsi les finances des clubs engagés dans cette compétition (et l’OL Groupe n’y échappe pas puisque ses résultats sont en nette baisse depuis 2007 et négatifs depuis la saison 2009/2010 ; au cours des 4 dernières années comptables le total de ses pertes devrait dépasser 100M€). Mais cette course aux grosses équipes anéantie l’existence d’enjeux, participe au désintérêt du spectacle offert et contribue à faire fuir les spectateurs qui par temps de disette taillent dans le superflu (la moyenne du remplissage du stade de Gerland saison 2012/2013 a été de 78% avec 32.086 spectateurs sur 41.044).

L’UEFA tente bien de remédier à cette dérive financière en instaurant le fair-play financier. Règles qu’il ne sera pas facile d’imposer vu les sommes en jeu, car si elles avaient été appliquées dès 2011, 54 % des clubs qualifiés en Ligue des champions et à l'Europa League auraient été en infraction.

L’appât du gain tue la poule aux œufs d’or et risque bien d’engloutir les fonds des collectivités.

Comme chacun le sait, le sport est fait d’incertitudes et le monde des affaires déteste les incertitudes. Nos Conseillers Généraux (du Rhône) feraient bien d’y songer et de se rappeler la mission qui est la leur avant de se prononcer sur le cautionnement d’un projet à propos duquel aucun business plan ne leur a jamais été présenté, ni même la capacité de la Foncière du Montout (filiale de l’OL Groupe au capital de 1,3M€) à rembourser ses emprunts en 7 ans.

Ont-ils seulement envisagé le risque financier qu’ils feraient porter aux collectivités du Conseil Général du Rhône et du Grand-Lyon (compte tenu du projet de métropole concocté par les sieurs Mercier et Collomb) si par malheur la convention soumise au vote des conseillers ce 19 juillet venait à être adoptée. 

Le président de l’OL Groupe se veut rassurant et répète à l’envi, « Nous avons gagné tous nos recours …», mais il se fait menaçant dès lors qu’il constate que l’opposition à son projet est toujours bien présente, qu’il y a encore 10 recours non purgés (dont le PC qui devra certainement attendre l’avis de la cour de cassation) et qu’il entrevoit encore de nouvelles difficultés sur l’obtention du cautionnement et du financement de son projet.

N’en déplaise à ces messieurs défenseurs du projet OL Land, la justice doit être égale pour tous et selon la constitution française, Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction … (riches ou pauvres).

Le temps où l'on pouvait bétonner sans limite, orienter l'argent public sans trop de contrôle, mépriser les citoyens sans vergogne est révolu. Ceux qui nous gouvernent et qui envisagent de briguer de nouveaux mandats devraient y songer, car la réalité finit toujours par resurgir au grand jour et par les rattraper. Et nous serons là pour leur rappeler leurs propos fallacieux et mensongers.

En ces temps d’austérité et de restrictions budgétaires, le collectif « Les Gones pour Gerland » demande aux Conseillers Généraux de rester dans le cadre de leurs missions de solidarité en ne cautionnant pas une entreprise cotée en bourse, une équipe professionnelle de football (très, très, très chèrement payée), et en faisant l’économie d’un deuxième projet pharaonique dans l’agglomération lyonnaise pendant qu’il en est encore temps.

Les temps des emprunts et cautions toxiques doivent cesser, ce projet comme d’autres capotera car il comporte en lui-même tout le mépris d'une oligarchie et d’une caste avide d’honneur et de gains et qui n'ont pas compris que l'on ne peut plus se moquer du monde indéfiniment.

Pour que Lyon devienne la capitale du développement durable, gardons l’OL à Gerland !

Le collectif « Les Gones pour Gerland » 




*Wladimir Andreff Professeur émérite à l'Université de Paris I Panthéon Sorbonne

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